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Publié par andika

D'après Jacques André, l'acte manqué en psychanalyse est le faux pas, le lapsus, la maladresse, l'erreur, l'oubli... Les actes manqués ne sont pas manqués pour tout le monde, chacun d'entre eux signe une réussite de l'inconscient.

Christopher Nolan, sous couvert de film de guerre, voulait nous raconter autre chose que l'histoire de ces soldats évacués de Dunkerque et par conséquent, il a réussi son coup dans ce sens. Toutefois, en faisant cela, ce qui aurait pu, et même dû être un grand film, n'est plus qu'un bon film, voire un film banal.

Nolan, je le pratique depuis son Insomnia au cinéma, ensuite, je n'ai manqué aucun de ses films. On l'avait quitté au firmament avec Interstallar. On le retrouve moins en forme avec son Dunkirk.

Mais voilà, prendre le nom de cette ville comme titre de film était déjà en soit un mauvais présage. Même si on avait bon souvenir de Bienvenue chez les Ch'tis qui se passait dans le nord de la France. Blague à part, cette opération Dynamo qui est contée ici, bien qu'il s'agisse d'un succès, a été menée dans un contexte de défaite en 1940. Ainsi, premier acte manqué du film, le soldat anglais qui tente tant bien que mal d'aller faire caca au début du film mais qui n'y parvient pas pour diverses raisons. Cet échec initial est l'illustration de tout ce qui sera manqué par la suite.

Le film dure 1h47 mais Nolan trouve le moyen de nous inventer trois lignes temporelles différentes. Les événements qui se déroulent sur la jetée durent une semaine, ceux qui se déroulent en mer durent un jour, ceux qui se déroulent dans les airs durent une heure. A ce titre, une théorie pour la partie d'aviation avec Tom Hardy dans le rôle du pilote héroïque.

Ces trois temporalités différentes complexifient de manière inutile voire artificielle l'histoire, le scénario, l'intrigue. Tout cela ne semble être au final qu'un gadget mal utilisé. Autant, jouer avec le temps et l'espace faisait sens dans Interstellar, Inception et même Memento, autant ici, on remarque juste que Nolan force avec son jouet habituel. Si au lieu de se perdre dans trois époques différentes, il avait fait des efforts pour caractériser ses personnages, on aurait eu un tout autre film. Car oui, aucun personnage ne se démarque malgré un casting en or avec Mark Rylance (loin, bien loin du pont des espions malgré tout son flegme et son élégance), Kenneth Branagh (très bon en officier d'ailleurs), Cillian Murphy (transparent et presque inutile), il y avait vraiment de quoi faire ! (On remarque aussi l'absence de femme mais bon, un film de guerre, ça se comprend).

Mais non, Nolan préfère créer un climat, une ambiance, une tension liée aux événements extérieurs à ces personnages. Ici, le contexte est beaucoup plus soigné que la narration, que l'écriture. Ainsi, le son de ce film est une vraie merveille. Entendre ces avions, ces torpilles, tous les bruitages sont vraiment excellents et amènent un stress assez vif. La BO de Zimmer, bien que paresseuse, participe aussi de cette ambiance. Mais tout de même, on est en droit d'en attendre davantage. Je ne ferai pas injure à Nolan en comparant Dunkirk à d'autres films de guerre en disant que c'est bien en dessous. Soldat Ryan de Spielberg, les Sentiers de la gloire, La ligne rouge, le pont de la rivière Kwai, et même Glory !

On ne peut pas appliquer une méthode uniforme au film de guerre, on ne peut pas employer les mêmes ingrédients que d'habitude pour une histoire tirée de faits réels ! Et pourtant, il y a des moments où Nolan semble se souvenir de ce qu'est la réalité, entre deux plans magique entre ciel et mer, on voit enfin ces bateaux de plaisance venir secourir les soldats, on voit enfin des humains au lieu de simples survivants, on sent enfin le patriotisme à la place d'une guerre froide et impersonnelle, on sent enfin ce qu'est cette nation qui se défend coute que coute contre ces allemands inquiétants.

Mais j'ai constaté qu'il était aujourd'hui de bon ton d'encenser Nolan, quel que soit ce qu'il fait, c'est ainsi, les gens en perdent toute objectivité comme lobotomisés. Je suis pourtant un grand fan de Nolan mais il y a des choses à redire sur Dunkirk.

En conclusion, l'absence de scénario, d'écriture solide, nous laisse sur notre faim et nous frustre un peu, beaucoup. Il y avait tant de choses à faire. La perfection visuelle n'excuse pas tout, et encore moins venant de quelqu'un dont on sait qu'il est capable de conter des histoires extraordinaires.

Je vous partage enfin mes impressions à la sorties de la salle.

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B
Parce que j'ai beaucoup aimé le film, il y a quelques mots qui me font un peu tiquer dans ton article : "le film banal" ou "le gadget mal utilisé" par exemple, ou encore la solidité de l'écriture remise en question.<br /> <br /> Il est certain en revanche que Nolan "voulait nous raconter autre chose que l'histoire de ces soldats évacués de Dunkerque". Et donc, s'écartant de la chair, de l'incarnation de ses acteurs (presque des silhouettes dans le film plutôt que des personnages réels, en tout cas des personnages limités essentiellement à deux idées : la volonté de survivre et -parfois en contradiction avec ceci-, aider les siens), il fait un film davantage... cérébral, à la fois sur les espaces (ce que Nolan a toujours fait) et sur la survie du groupe à travers ces espaces. Mais l'écriture est très solide au contraire, il sait parfaitement où ses personnages sont, leur trajectoire, leurs liens et de façon plus générale leur exacte position dans les espace-temps créés.
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A
J'y suis peut être allé un peu fort mais après son Interstellar, j'attendais la quintessence du film de guerre. Qu'on soit d'accord, Dunkerque est un excellent film, mais je suis plus sévère avec Nolan maintenant, j'attends beaucoup plus. J'attendais un grand film et dans la filmographie de Nolan, oui Dunkerque est malheureusement banal, mais il a atteint un tel niveau d'excellence dans ses précédentes production que c'est certainement difficile de s'élever encore.<br /> <br /> Après tout le côté cérébral, immersion, j'ai totalement adhéré. Mais pourquoi prendre cet événement historique pour nous conter ça ? Pourquoi ? Pourquoi ces trois timelines qui me semblent créer quelque chose d'assez artificiel. On est loin de son désir de Batman qui fait réel dans Begins et The Dark Knight lorsqu'il a recours à ces facéties de montage et d'écriture. On est immergé et en même temps on s'affranchit de l'unité temporelle qui me semble être indispensable dans cette histoire. <br /> <br /> Il réussit beaucoup mieux à exploiter les failles mentales de ses personnages dans Memento et même dans le Prestige qui nous plongent dans une ambiance et nous accrochent jusqu'à la résolution finale.<br /> <br /> Ici, vu que c'est historique, on sait déjà que ça finit bien, et il nous offre enfin à la fin l'élan patriotique et le genre de séquences auxquelles on peut s'attendre dans un film de guerre. C'est un véritable pied de nez. <br /> <br /> Alors en effet, le film n'est pas banal, loin de là. Il y a beaucoup plus de profondeur que dans l'écrasante majorité des productions actuelles. Mais je soutiens que Dunkerque ne sera pas retenu comme l'un des meilleurs Nolan.
B
Votre blague sur Dunkerque et le nord montrent que vous ne savez pas de quoi vous parlez. A l'avenir, renseignez-vous mieux ou abstenez-vous.
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A
Je n'ai pas fait une blague sur Dunkerque et le Nord de la France, la plaisanterie était de comparer une comédie avec un film de guerre. Comédie que j'avais d'ailleurs appréciée à l'époque, avec un film qui m'a déçu. Aucun jugement de valeur sur le nord dans mon propos. J'aurais d'ailleurs pu parler du film Chez Nous que j'ai vu plus récemment mais il m'avait moins marqué. <br /> A l'avenir, j'écrirai ce dont j'ai envie, je n'ai pas besoin de vous pour savoir ce que je dois faire, écrire ou penser.